Genèse de SR
Algèbre SR physiquement signifiant et construction des principaux concepts: continuité, système, état, probabilité, compexité, ...

Notre aptitude à construire collectivement de nouvelles connaissances, à innover face à de multiples enjeux, à développer une intelligence artificielle, dépend intrinsèquement de notre capacité à confronter nos « modèles » aux « faits », à n’importe quel stade des processus de développement et de tous les points de vues envisagés. Cette confrontation constitue « l’épreuve du feux », elle est fondamentalement statistique puisque les « faits » arrivent toujours sous la forme de séries finies « d’évènements » localisés dans le temps et dans l’espace alors que nos « modèles » abstraient nos concepts de toute réalisation particulière.
Jusqu’à maintenant, deux principaux obstacles ont empêché scientifiquement et opérationnellement toute avancée majeure dans la maîtrise de ces genèses :
- L’absence d’une théorie physique des probabilités comme l’a souligné Kolmogorov lui-même. Bien que les probabilités soient largement répandues dans nos pratiques, elles ne sont pas clairement distinguées des statistiques. Elles témoignent implicitement d’une connaissance incomplète sans que l’on puisse en conceptualiser explicitement et généralement le support ni en quoi cette incomplétude consiste. Ce manque de scientificité entrave notre capacité de concevoir des environnements virtuels, en particulier quand des processus de certification sont en jeu et nécessitent des accords de responsabilités et des critères d’évaluation.
- L’absence de cadre scientifique pour maîtriser la genèse de tout modèle à caractère scientifique, c’est-à-dire de méthode qui fixe les conditions que doit respecter tout modèle pour qu’on puisse lui accorder un caractère « réfutable » qui lui permette de servir de référence jusqu’à preuve du contraire.
Ces manques sont perceptibles aux travers de différents symptômes, parmi lesquels nous notons en particulier :
- Notre incapacité à combler le fossé conceptuel entre la physique quantique et la physique classique,
- Notre incapacité à donner un caractère général et mesurable à des concepts tels que « entropie » et « complexité »,
- L’aspect qualitatif et flou de domaines clé comme la « Systémique » ou l’ « Ingénierie Système » qui revendiquent un caractère scientifique alors qu’elles sont incapables de définir leur place particulière vis-à-vis d’autres disciplines telles que la physique, l’informatique, les sciences humaines, etc. Elles se résument en fin de compte à un « état d’esprit » dont l’efficacité reste à démontrer en dépit d’investissements massifs.
Nous sommes convaincus que surmonter ces handicaps requiert de concevoir des méthodes constructives et systématiquement relativisées qui satisfassent l’attente de Schrödinger : introduire explicitement dans le formalisme les genèses humaines sans perdre pour autant en scientificité.
Nous considérons que la Méthode de Conceptualisation Relativisée (MCR) du Pr. M. Mugur-Schächter est le point de départ le plus approprié. MCR émerge d’une longue méditation sur la situation cognitive tout à fait particulière impliquée par la physique quantique. Elle exprime d’un point de vue logique les paradigmes que son auteur a décelé, cryptés dans le formalisme mathématique. Il en résulte une méthode relativisée de construction de connaissances qui élimine par construction les faux absolus et les paradoxes qu’introduisent fatalement nos modes de pensées spontanément absolutisant.
Sur ce fondement, H. Boulouet a entrepris la construction formelle d’une Systémique Relativisée (SR), focalisée sur le développement d’une algèbre très particulière. Cette algèbre rend possible la construction sur une base factuelle/conceptuelle, de notions jusqu’alors sans définition physique comme celles de « persistance », de « continuité », « d’état », « d’évolution », de « système ». Ces définitions sont construites comme des combinaisons adéquates de « descriptions de base ou transférées » MCR, formalisées dans un espace de représentation ad-hoc. Cet espace structuré en triptyque est défini dans le formalisme de la théorie des Catégories et il est doté de deux opérateurs relativisés très spécifiques : « + » et « * ».

SR s’applique tant aux processus de constructions de connaissances qu’aux processus d’anticipation (prévision, innovation, hypothèse, etc.). Elle conduit à une définition physique du concept de « loi de probabilités » qui rend explicite les mécanismes d’inférence entre nos concepts d’application générale et le flot des évènements, tels que nous pouvons les appréhender, les capturer, les décrire ou les imaginer. SR dote la Machine de Turing d’un sens physique clair et transforme ainsi ce concept purement mathématique en un outil-clé pour évaluer la contrôlabilité et la prévisibilité. Cette construction aboutit en particulier à des définitions relativisées d’application tout-à-fait générale des notions d’ « entropie » et de « continuité », disponibles pour qualifier les modèles SR et évaluables factuellement.
SR est une méthode fondamentalement constructiviste dans laquelle toute entité émerge comme un concept construit à partir de traces dispersées dans le temps et dans l’espace. De ce fait, SR est potentiellement la source d’une nouvelle approche unifiée de l’Intelligence Artificielle. L’ingénierie Système Relativisée (ISR), un développement de SR, met en particulier en évidence les différents types de paramètres sur lesquels il est possible de jouer, manuellement ou automatiquement, pour déterminer différents mécanismes d’apprentissage, exécutables éventuellement en parallèle, en fonction de enjeux.

Une telle construction conceptuelle, comme toute construction scientifique à buts pragmatiques, se doit d’être estimée au regard des situations qui ont initialement motivées son développement. Constitués en une petite équipe de cinq personnes (H. Boulouet, V. Brindejonc, E. Campo, F. Fleuchey, B. Massy-de-la-Chesneraye), nous avons prototypé et expérimenté avec succès dans l’industrie automobile entre 2005 et 2010, deux premières applications conceptuelles outillées : la méthode d’Ingénierie Systémique Relativisée (ISR) et la méthode de Management Relativisé de l'Information (MRI) appliquée au Product Lifecycle Management. MRI a été initialisée par F. Fleuchey en 2004 à partir de ses propres intuitions, tirées d’une longue étude des neurosciences. Le développement de MRI s’est inscrit naturellement dans le cadre SR à partir de 2009.

Le projet ISR VETESS de tests automatiques à partir des modèles en phase d’intégration a été labélisé par le pôle de compétitivité français « Véhicule du futur » et a reçu une subvention de 1 million d’Euros du Fond Interministériel pour la Recherche. Mais le fossé avec les standards existants, le bon sens commun et la remise en cause potentielle d’intérêts établis ont fait obstacle à la poursuite des travaux.
Nous persistons malgré tout à penser que ces développements autour de MCR, constituent une percée majeure aux applications multiples et qui bouleverse notre façon de penser le « Réel ». Et comme nous sommes convaincus que ces principes apporteront un avantage décisif à ceux qui les adopterons, nous sommes certain qu’ils finiront par émerger de nouveau en un temps et en un lieu plus propice, portés peut-être par d’autres que nous.
Nous restons pour notre part à l’affut de toute opportunité, d’où qu’elle provienne, qui nous permettrait de poursuivre cette construction opérationnelle et scientifique.