
Plus sur la Systémique Relativisée
Fondamentalement, nous postulons une certaine façon commune de vivre, qui permet une conceptualisation intersubjective de situations de sens commun à partir de communications primaires (montrer du doigt un danger en criant, …). Nous dénommons ce type de construction description primordiale.
Toute connaissance consensuelle en devenir commence avec l’enregistrement public de traces observables, vus comme des signes extérieurs d’interactions entre un certain domaine de réalité que nous ciblons, et les dispositifs biologiques ou artefactuels que nous utilisons pour décrire, tels qu’ils ont été au préalable conceptualisés intersubjectivement. Ces dispositifs conceptuels-physiques peuvent être notre propre corps ou n’importe quel appareil capable de qualifications standardisées.
Une entité distincte émerge donc comme un concept d’un substrat physique induit de la stabilité de traces localisées dans le temps et l’espace, dans la répétition d’une même expérience. Appelons descripteurs de contact les endroits particuliers que nous sommes supposés entrer en contact, relativement au référentiel espace-temps adopté, dans le déroulement de ces expériences. Alors, nous comprenons, de notre position psychique classique et spontanée, que nous finirons par conceptualiser l’existence d’une entité que nous dotons simultanément d’une forme spatio-temporelle et de qualifications particulières, au-delà de ces descripteurs, tout comme un aveugle peut reconnaitre un objet quelconque en utilisant sa canne blanche.
Quand le manque de perception physiologique rend difficile la localisation de ces descripteurs, ceux-ci peuvent être inférés de qualifications réalisées d’après le moulage conceptuel élaboré par la connaissance préalablement construite des dispositifs utilisés et par le substrat avec lequel ils sont supposés interagir (exactement comme la situation en physique quantique).
A l’opposé, les perceptions physiologiques directes sont réduites à nous absolutiser la forme perçue. Nous avons alors tendance à identifier l’existence de l’entité décrite à la silhouette résultante. Un tel contour, cependant, peut ne pas être pertinent avec d’autres façons de qualifier, tels des enregistrements d’appareils de mesures par exemple.
Une telle position conceptuelle engendre des conséquences méthodologiques importantes :
- Toute construction de connaissance (non primordiale) nécessite au préalable la conceptualisation consensuelle de moyens utilisés pour capturer de nouveaux morceaux de réalités et le substrat avec lequel ils interagissent.
- Une entité physique stable est un concept construit au-delà de la convergence des données statistiques de l’espace-temps localisé par les descripteurs de contact. Ce sont les moyens opérationnels que nous utilisons pour générer, saisir et qualifier l’entité à décrire, relativement à un ensemble fini de vues-aspect et de grilles de qualification.
- Une telle conceptualisation est fondamentalement relative à la façon physico-conceptuelle d’agir et aux vues-aspect associées. Et sa pertinence peut être évaluée contextuellement par la réussite des prévisions qu’il est possible de faire.
- L’intérieur et l’extérieur, telle une localisation d’une entité physique, sont des concepts construits au-delà des descripteurs de contact publics. Nous inférons l’existence d’une entité physique au-delà de ces localisations consensuelles, mais le concept d’entité physique transcende, à lui seul, ces localisations dont il provient.