\"Homoncule\"

Systémique Relativisée & applications

Rétrospective



Histoire de l'équipe

H. Boulouet initialisa en 1998 une toute nouvelle méthode d’Ingénierie Système Relativisée (ISR) pour dépasser les gains désuets de l’approche traditionnelle de l’analyse fonctionnelle, appliquée à la conception des systèmes dits « complexes », caractérisés par des concurrences à la fois d’enjeux multiples et à la fois de partage de ressources communes (cf. programme français Rafale à l’Aerospatiale). Confronté aux concepts flous et sans fondements scientifiques de l’Ingénierie Système et de la Systémique, il s’enquit d’un domaine qui avait réussi à surmonter un tel désordre conceptuel tout en œuvrant dans un terrain pragmatique, afin de servir de base de départ. Il se tourna alors vers la mécanique quantique.

V. Brindejonc, dans le cadre du projet de prototypage de plate-forme collaborative pour les équipementiers avioniques, à forte contraintes de temps et de moyens, se tourna vers ISR (pas encore nommée telle quelle à cette époque) (Entreprise Ligeron, A. Azarian, H. Boulouet, V. Brindejonc, L. Bouquin. ICSSEA 2003). Au-delà de cette expérience et de ses succès, il fut séduit au plus haut point par la correspondance entre la logique sous-jacente des constructions, non encore formalisée, et sa propre expérience de physicien théoricien et d’expert en Sûreté de Fonctionnement (SdF). Il rejoignit aussitôt le projet ISR et s’y investit fortement, particulièrement dans la validation de l’algèbre SR ainsi que la partie SdF d’ISR.

En 2005, Y. Rogard cherchait à optimiser la conception des systèmes mécatroniques dans l’industrie automobile à PSA. Il décida d’évaluer ISR dans un cadre opérationnel et embaucha H. Boulouet. V. Brindejonc le rejoint aussitôt. Ce fut le début de la formation d’une équipe informelle, rassemblant par la suite d’autres personnes d’expérience, issues d’horizons divers et fortes de convictions personnelles en parfait accord avec le projet : E. Campo, F. Fleuchey and B. Massy.

F. Fleuchey, en suivant ses propres intuitions, développa en 2004 un système de gestion relativisée de cycle de vie des Produits, tirant son inspiration des neurosciences, domaine pris à l’instar de la mécanique quantique d’H. Boulouet. Il se focalisa sur la phase de conception des projets industriels en mécatronique embarquée, et au-delà, sur le fondement d’un cadre méthodologique outillé pour gérer le processus de construction collaborative de n’importe quelle connaissance intersubjective. Nous avons dénommé ce cadre Knowledge Genesis Management (KGM) puis, finalement Management Relativisé de l'Information (MRI). Il dota MRI de puissants aspects relativisés et constructifs. Ce positionnement et les aspects complémentaires d’ISR et de MRI pour aborder dans une solution globale afin de maîtriser la conception des systèmes complexes industriels, lui fit rejoindre le projet MRC-RS en 2006. Il trouva dans SR le fondement scientifique formel qu’il cherchait pour systématiser les développements, dorénavant conduits au sein de l’équipe. Il s’est alors fortement impliqué dans tous les aspects fondamentaux et applicatifs de la construction de MRC-RS. Les prototypes MRI, appelés Sonia, ont bénéficiés d’un fort soutien des concepteurs motoristes dans l’industrie automobile malgré le gouffre entre les usages communs et les tout nouveaux processus MRI. Si cette percée rendit le management des plus suspicieux, le succès a été tel jusqu’à maintenant, qu’en dépit de nombreux (jusqu’à plus de 400) de concepteurs continuent d’utiliser le prototype Sonia de RIM.

B. Massy était en 2005 un ingénieur qualité se démenant pour optimiser la documentation de spécification et de conception technique, incluant la gestion des exigences, leur caractérisation et leur catégorisation en ensembles cohérents et signifiants. Il prit pleinement conscience que la plupart des exigences étaient en fait non vérifiables, qu’aucune cohérence ne pouvait être assurée. Dans ces conditions, il s’est aperçu que l’élaboration des procédures de test était vraiment approximative et demandait un énorme travail. Il avait compris que le résultat éventuel dépendait plus d’ajustements coûteux et répétitifs avec les fournisseurs lors de l’intégration que des instructions issues de la documentation technique. La conscience aigüe de cette situation le poussa impérativement à évaluer la méthode dans ses fondements et dans sa version non outillée. Factuellement, il constata que la méthode générait plus facilement la documentation technique de conception et que leur volume ainsi que celui des exigences était considérablement réduits. Le travail fournit pouvait effectivement servir de référence univoque pour les équipementiers et pour les validations. Il se joint au projet MCR-SR dès 2005 comme utilisateur expert et formateur de talent. En dépit du contexte managérial, il s’évertua à dérouler de nombreuses séances de formation, à évangéliser les concepteurs et les aider au travail de reconception. Profondément engagé et habité, il rencontre une croissance d’audience et de succès.

En 2006, Eric Campo travaillait comme ingénieur de modélisation système au moment où H. Boulouet entamait l’analyse et la réingénierie des systèmes mécatroniques dans l’automobile comme validation de principe. Son travail lui fit prendre pleinement conscience du flou du terrain conceptuel et de l’impossibilité factuelle de l’approche fonctionnelle basée sur les modèles pour maitriser la conception des Produits « complexes » d’un point de vue testabilité et traçabilité. Il se joint alors immédiatement au projet MCR-SR. son expertise et sa compréhension directe du cœur formel de SR l’amena à diriger le prototypage de l’Environnement de Développement Intégré socle-SR implémentant directement l’algèbre SR. C’était la clé pour se confronter à l’épreuve des usages humains dans l’application opérationnelle et rigoureuse de la méthode. Ce fut un succès au-delà des espérances. Tout au long du développement de la thèse SR, E. Campo fut un critique très attentif et engagé dans la construction formelle de la méthode.

De 2007 à 2010, d’autres ingénieurs se joignirent au projet et furent convaincus de la valeur ajoutée de la méthode. En particulier, Nathalie Gollentz joua un rôle déterminant comme utilisateur clé dans le prototypage de l’EDI ISR en 2009 et 2010. Elle fit effectivement de précieuses suggestions et conduisit une profonde analyse identifier les faiblesses qu’elle décelait dans les modes de pensée des concepteurs de la méthode. Au bout du compte, le prototype EDI ISR en fut optimisé dans un processus de développement agile. Sa profonde compréhension du gouffre conceptuel existant entre l’analyse fonctionnelle et ISR la conduit à documenter et illustrer leurs différences, de manière détaillée et rigoureuse. Elle put mettre en évidence pourquoi la première approche était vouée à l’échec alors que la seconde était efficience face aux buts et permettait la traçabilité des décisions sans pour autant contraindre le travail de conception. G. Hou, doit aussi être cité. Il s’est impliqué en tant qu’ingénieur informaticien dans le prototypage de l’IDE ISR, de 2006 2010 et porta beaucoup d’attention aux aspects méthodologiques. Il contribua d’une manière décisive au développement de l’IHM de l’EDI ISR, stratégique pour l’adhésion des utilisateurs à l’usage du prototype EDI ISR.

Le succès technologique et humain permit au projet ISR d’être approuvé par le pôle de compétitivité français “Véhicule du Futur” en 2008 et se voir attribuer une subvention d’un million d’Euros pour rendre public la valeur ajoutée produite par la connexion entre la modélisation formelle ISR et les tests physiques. Mais le management de PSA, face à cette initiative aussi innovante et soudaine, se crispa et décida de stopper net le projet. Après une durée de deux ans durant laquelle ISR démontra ses capacités de génération documentaire automatique issue directement des modèles formels et s’appliqua aussi bien sur les descriptions d’usages humains que sur la conception technique, le management imposa l’approche fonctionnelle comme seule référence d’ingénierie système.

Cela eu comme conséquence l’arrêt net en 2010 des développements ISR et MRI.

Pendant ce temps, H. Boulouet pris contact en 2007 avec la physicienne théoricienne dont les travaux avaient inspiré ses propres recherches : Pr. Mioara Mugur-Schächter, la dernière élève de De Broglie. Ce fut pour elle une vraie surprise de découvrir deux ingénieurs, H. Boulouet & V. Brindejonc, prétendre que son travail, enraciné dans la physique la plus fondamentale, était un cadre idéal pour établir une percée décisive en Ingénierie Système, dans l’industrie du moins… Elle en fut rapidement persuadée et ce fut le début d’une proche collaboration pour établir un cadre théorique conforme à ses propres travaux de physique théorique et aux travaux de systémique d’ H. Boulouet. Une telle refondation était une étape nécessaire pour doter l’Ingénierie Système d’une base scientifique. La thèse SR d’ H. Boulouet résulte de cette collaboration toujours animée. Au-delà de ces travaux scientifiques, cette nouvelle approche radicalement constructive et relativisée se confronta à un défi extrême : comment faire prendre conscience aux scientifiques et décideurs de cette nouvelle façon de penser et de ses formidables perspectives aussi bien théoriques que pragmatiques ?