
Développements SR, ISR et KGM
Travaux
Motivation
Sur le fondement d’une longue fréquentation de la physique quantique,
M. Mugur-Schächter a développé une méthode de construction de connaissances,
systématiquement relativisée par les finalités à l’œuvre, qui déterminent des façons d’interagir avec un Réel physique, posé comme substrat mais inatteignable en lui-même, et, par-là,
de le structurer de le qualifier relativement. Cette méthode a pris le nom de Méthode de Conceptualisation Relativisée (MCR).
MCR a mis en évidence certains traits descriptionnels qui caractérisent universellement la toute première strate de génération de connaissances.
Cette strate était restée cachée en dessous des langages, de la pensée logique et scientifique classique, notamment des probabilités.
De cette strate émerge, par conceptualisations successives, une organisation des connaissances qui cristallise en modèles d’entités dotées de propriétés selon l’acception classique.
MCR éclaire les processus qui interviennent en systémique d’un jour radicalement nouveau, à la fois unificateur et générateur d'organisation et de précision.
Par contraste avec les difficultés non surmontées dans le domaine de l’ingénierie système industrielle,
il est apparu que la robustesse de ce fondement scientifique systématiquement relativisé devait rendre possible un saut qualitatif sans précédent
dans le domaine de la construction de modèles réfutables d’entités physiques et de la maîtrise de la complexité, qu’il s’agisse de concevoir, de construire des connaissances,
de prévoir, de formuler des hypothèses ou de concevoir de nouveaux artefacts.
De ce parti-pris originel a découlé l’objectif de formaliser et outiller un infra-cadre méthodologique à la construction de modèles d’entités physiques afin, en particulier,
de le mettre en œuvre dans le domaine de l’ingénierie système industrielle.
La satisfaction d’un tel objectif implique :
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De formaliser l’essence qualitative, radicalement non classique de MCR, afin de développer des applications scientifiques et techniques outillées;
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De spécifier dans ce formalisme les conditions d’émergence du concept classique d’entité physique, persistante et évolutive, et ce,
sur le seul fondement du concept MCR de ‘description transférée’, dans lequel une entité est conçue comme le produit ponctuel d’une opération de génération,
immédiatement « consommé » par l’opération de qualification qui s’en suit. L’entité émerge alors de la nécessité de conférer un support aux valeurs produites;
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De développer des environnements informatiques à partir desquels il soit effectivement possible de construire des modèles conformément à la méthode;
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De valider la valeur ajoutée inhérente à cette nouvelle façon de penser, typiquement dans le domaine industriel d’où sont issus les membres de l’équipe cités,
sans préjuger d’autres domaines d’application possibles.
Ces travaux s’inscrivent dans une perspective tout à fait générale, qui peut être formulée en reprenant les termes d'E. Schrödinger :
Introduire explicitement dans les processus cognitifs comme dans les processus innovants, les finalités relativisantes au travers desquelles nous nous confrontons au Réel et cela,
sans remettre en cause les principes de généralité, de précision et de réfutabilité qui ont assuré notre succès adaptatif, mais, au contraire,
en leur fournissant de nouveaux fondements sur lesquels s’appuyer afin qu’ils nous permettent d’accroître la maîtrise de notre destin.
Schrödinger, E. (1951) (1992). Physique quantique et représentation du monde. Paris, Seuil.
Domaines d’application
Deux domaines ont été historiquement adressés par les travaux évoqués ci-après : l’intelligence des données et l’ingénierie des systèmes physiques.
Autant dans le premier domaine, le concept de point de vue relativisé fait partie des acquis et il n’existe pas de doute quant à la qualité d’artefact des entités décrites
- des bases de données, etc. -, autant dans le second domaine, le concept d’entité physique évoque irrésistiblement l’existence en soi d’une certaine structure du Réel physique.
Les travaux relatifs au premier domaine ont ainsi été développés indépendamment des travaux du CeSEF,
présidé par M. Mugur-Schächter, mais c’est la prise de connaissance, en 1998,
des avancées qui devaient aboutir à MCR, qui a été déterminante dans la transposition des façons de faire expérimentées avec succès
dans le premier domaine à l’ingénierie des systèmes physiques. Cette transposition a d’abord été réalisée par analogie jusqu’en 2008, puis s’est inscrite dans une démarche formelle.
L’intelligence des données
Historiquement (période : 1996-2004), les premières réalisations sont intervenues dans le domaine aéronautique et militaire,
pour le Soutien Logistique Intégré et la documentation technique, où l’enjeu était de mettre en compatibilité des points de vue très différents sur les données de conception et
d’analyse du soutien afin de générer une documentation électronique conforme aux différentes normes (OTAN, allemandes, françaises) et aux différents profils d’utilisateurs,
le tout en garantissant la cohérence de l’ensemble relativement aux configurations physiques.
F. Fleuchey entrepris indépendamment, de 2004 à 2010, des développements complémentaires.
Il s’attaqua à la gestion des genèses des données techniques et managériales dans l’industrie automobile (contrôles moteurs),
en dépassant les enjeux Product Life Management (PLM). Le cadre SR a été adopté en 2008.
Le management du département moteur arrêta le projet en dépit de la satisfaction des utilisateurs,
au moment où le management de la R&D de PSA décida de lancer un projet global de PLM basé sur l’analyse fonctionnelle.
L’ingénierie des systèmes physiques
Les applications ont été développées à partir de juillet 2005 jusqu’à fin 2010 dans l’industrie automobile,
au sein de PSA suite au recrutement de H. Boulouet, à l’initiative de M. Yann Rogard, du service Electronique Habitacle,
qui confronté à des difficultés majeures dans la maîtrise de la conception mécatronique, a eu recours pour ce faire à une société de recrutement spécialisée.
Ces développements ont été réalisé jusqu’en 2008 dans le domaine de systèmes mécatroniques habitacle,
conçus sur la base de calculateurs partagés (ouvrants, rétrovision, sièges « intelligents »), puis, jusqu’en 2010,
dans le domaine des usages du véhicule relatifs aux assistances à la conduite. Ces applications ont nécessité le développement d’un Atelier de Génie Logiciel (AGL),
afin de générer le code des versions successives de l’environnement d’édition et de simulation des modèles,
à partir du langage défini pour implémenter les définitions formelles de la méthode.
Les réticences du management du département R&D électronique de PSA ont fini par arrêter le projet.
La modélisation des services de niveau véhicule fut à nouveau le couronnement d’un nouveau champ d’application,
jusqu’en 2010 quand la management de la R&D de PSA décida que tout développement et application d’Ingénierie Système ne pouvait reposer
qu’exclusivement sur l’analyse fonctionnelle.
Publications liées aux travaux
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Représentations complexes en ingénierie système, p101 à p129 in Leleu-Merviel, S. Boulkekbache-Mazouz, H. (dir) (2013)
Recherche en design, processus de conception, écriture et représentations, iSTE éditions - Londres.
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Approches innovantes pour la maîtrise des systèmes complexes. H. Boulouet, V. Brindejonc. (Journée IMdR du 6 Octobre 2009).
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Une approche des Signaux faibles. H. Boulouet, V. Brindejonc. Lambda Mu 16, Avignon (Octobre 2008).
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Analyse de risques dans la cadre d'une ingénierie Système Relativisée, H. Boulouet,
M. Mugur-Schächter, V. Brindejonc. Lambda Mu 16, Avignon. (Octobre 2008).
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Integrated Logistic Support Collaborative Platform for equipment developpers, A. Azarian, H. Boulouet, V. Brindejonc. ICE2004 (Séville 2004).
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Plate-forme collaborative de soutien logistique intégré adapté aux PME, A. Azarian, H. Boulouet, V. Brindejonc, L. Bouquin. ICSSEA 2003, (Paris 2003).
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Publications liées aux travaux
Principales réalisations
Réalisations dans le domaine de l’intelligence des données
Au sein d’Aerospatiale (maintenant EADS)
Point de départ : Aerospatiale- (avec J-Y. Lambert) : face au constat de l’échec de l’analyse fonctionnelle à maîtriser la complexité des points de vue
(1995: Rafale, système Apache, Base Editoriale Structurée - projet BEST), introduction de points de vue relativisés pour générer les ensembles de données consultables et
contrôler les modes de consultation.
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1996-1997 : première réalisation au sein du Système d’Information du Matériel de l’Armée de Terre (SIMAT) :
environnement SGML d’édition de notices techniques relatives au soutien logistique (maintenance, ravitaillement).
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1998 : système d’Arme ROLAND - Tourelle hydraulique, documentation électronique (SGML) logistique, générée à partir des données de soutien et des nomenclatures de définition
(Félicitations du Ministère de la Défense).
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1998-2000 : Développement complet d’une chaine d’information outillée d’analyse pour la logistique intégrée de documents électroniques,
prototypée avec succès pour un équipement majeur d’un système d’armes nucléaire balistique de l’armée Française.
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Environnement de développement intégré pour les données techniques des analyses logistiques et des nomenclatures,
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Génération automatique de la documentation électronique,
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Edition automatique des configurations d’application selon les profils utilisateurs, piloté par les modèles, avec, pour la première fois,
l’introduction de processus de consultation semi-directifs, au travers de graphiques intelligents (Computer Graphic Metafile).
Poursuite des travaux en tant que salarié de la société CISI (CS) suite à démission d’Aerospatiale,
au travers de la réalisation de la proposition technique relative au système de soutien logistique d’armement.
Appel d’offres remporté par CISI sur cette base, mais pas de participation à la réalisation des travaux.
Au sein de la société Ligeron
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2003 : GROWTH Project No GRD1-2000-25102CASH: Collaborative working within the Aeronautical supply chain.
Conception et réalisation d'une plate-forme collaborative dédiée aux équipementiers aéronautiques, fédérés autour de projets (avec V. Brindejonc),
modélisation et prototypage sous plate-forme OPDX d’Oracle. Conduite à bonne fin d’un projet en situation d’échec,
ayant consommé sans résultat 75% du budget imparti et 2/3 des délais, dans le respect de ces contraintes.
Au sein de PSA (F. Fleuchey)
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2005-2010 : prototypage d’un environnement de gestion du cycle de vie et d’officialisation de données de conception et du référentiel métier.
Mise en œuvre opérationnelle du prototype, appelé Sonia, par Y. Poirot, au sein de son département en charge de la conception des contrôles moteurs.
Adoption à partir de 2008 du métamodèle SR, comme infra-cadre (avec H. Boulouet).
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2012 : 400 utilisateurs opérationnels recensés en dépit de la non officialisation de l’outil par PSA et de l’arrêt des travaux imposé en 2010.
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Aujourd’hui (2016) : usage réduit mais continuel.
Réalisations dans le domaine de l’ingénierie des systèmes physiques
Au sein de PSA
2006-2010 (avec E. Campo, G. Hou) : conception d’un Atelier de Génie Logiciel sur plate-forme open source (Topcased) permettant de générer le cœur
des différentes versions d’environnements d’édition et de simulation adaptés au processus métier des concepteurs et
fondés sur l’encapsulation et la customisation du modeleur UML Rhapsody d’IBM.
2006-2008 (avec E. Campo) : spécification et conception d’un ensemble de systèmes mécatroniques utilisant des ressources partagées (calculateurs),
appréhendées indépendamment par chacun des différents points de vue impliqués.
Elaboration, sous contrôle de la méthode, de modèles de spécification et de conception simulables de systèmes et d’organes, conçus comme référentiel pour les tests de vérification.
Gestion de niveaux d’abstraction relativement aux descriptions transférées, première expérience de génération documentaire.
Intégration méthodologique de la de la Sûreté de Fonctionnement dans les modèles (avec V. Brindejonc).
Elaboration des règles de rédaction pour l’implémentation non outillée de la méthode (B. Massy de la Chesneraye).
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Lève-vitres : gestion des priorités conducteur/passager, anti-pincement, modes dégradés, protocoles de communication, etc.
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Sécurité enfant : contrôle des conditions d’ouverture des portes et des lève-vitres.
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Rétrovision : automatisation des rabattements et des réglages miroir, gestion des priorités relativement aux commandes utilisateur.
Confirmation sur table d’intégration d’erreurs de conception décelées par modélisation.
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Projet VETESS : destiné à valider la méthode sur banc de tests. Pré-étude de faisabilité, labellisation par le Pôle de compétitivité « Véhicule du futur »,
obtention d’une subvention de 1 million d’euros. Retrait du projet de PSA ne permettant pas sa réalisation.
2007-2010 : modèles simulables, conçus comme référence pour les tests de validation, élaborés sur le fondement du concept SR de description transférée biopsychique,
avec différents niveaux d’abstraction permettant de mettre en œuvre des concepts tels que l’habituation, le conditionnement actif et passif.
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Easy move : modèle d’usage de la prestation frein électrique. Confirmation sur véhicule des erreurs de conception décelées lors de la modélisation (Avec G. Hou).
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Assises : modèle d’usage du confort habitacle automatisé, personnalisé par profil utilisateur :
positions de conduites, position de confort, accès aux places arrière sur dé-condamnation du véhicule, etc. (avec E. Campo et G. Hou).
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Auto Cruise Control (ACC) : régulation de vitesse avec prise en compte des obstacles.
Génération documentaire à partir des modèles, rendue possible par la formalisation du concept de phase de vie relativisée et d’exigence
(avec E. Campo, G. Hou, N. Gollentz, V. Brindejonc pour la sûreté de fonctionnement).
Les décisions du management PSA ont donné un coup d’arrêt définitif à l’ensemble des travaux évoqués ci-avant, connus sous le nom d’Ingénierie Système Relativisée (ISR).
Depuis 2010 : du fait de la décision de PSA, les travaux se sont poursuivis jusqu’en 2014 sur le seul plan théorique.
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2010 – 2014 Elaboration et soutenance de la thèse « Systémique Relativisée » qui expose l’algèbre relativisée physiquement signifiante qui sous-tend les réalisations et
les outils développés, la façon dont on construit dans ce cadre les concepts de continuité physique, d’Etat physique et de système ainsi
que les lois de probabilité et les mesure d’entropie et de complexité.
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Plusieurs projets n’ont pu être menés à bien faute de cadre pour les réaliser :
demande d’étude de l’IMdR (Institut de Management des Risques) sur les systèmes complexes (2013),
demande de l’ESIGELEC (Rouen) d’assurer l’activité d’enseignement en ingénierie système auprès des étudiants de 2ème et 3ème année (2014).