Enjeux de l'Ingénierie Système dans l'industrie
Les projets industriels sont aujourd’hui conduits dans le cadre “d’Entreprises Etendues” qui fédèrent de multiples partenaires autour d’un projet commun. Conjointement, on tend à contractualiser les relations entre entités organisationnelles au sein des grandes entreprises. Ces évolutions abolissent progressivement les différences entre entité interne à une société et organisation juridiquement autonome dans la conduite des projets.
Chacune de ces entités envisage le Projet innovant auquel elle contribue de sa propre perspective, en fonction de ses buts particuliers, de son expérience, de son savoir-faire et de ses ressources. Il est notable que plus un projet avance, plus il est généralement difficile d’identifier dans la formalisation de la conception la prise en compte des différentes attentes qui ont pourtant contribué à faire ce qu’elle est.
Des considérations économiques et la volonté de raccourcir les délais poussent à introduire une conception numérique en lieu et place des prototypages physiques répétitifs de tout ou partie du Produit final. Pour éviter de s’enferrer dans des démarches tâtonnantes procédant par essais/erreurs, très couteuses en termes de coûts et de délais et parfois sans issue, il devient primordial de définir dans le processus de développement les configurations clé à évaluer relativement à des enjeux propre à des points de vue clairement identifiés. Cela implique de conférer à l’expression de tout élément de spécification ou de conception le statut scientifique de référence pour la génération de vecteurs de tests physiques et la pose de verdicts… Mais aussi que chacun de ces éléments soit associé sans ambiguïté à la poursuite d’un ou de plusieurs buts explicites.
Si l’on prend du recul vis à vis du processus de conception d’un nouveau Produit, on peut identifier deux grandes classes de considérations. Une première classe de considérations se focalise sur l’atteinte d'objectifs d’usage (humains ou techniques). Une deuxième classe de considérations se focalise sur l’optimisation des ressources. Alors que chaque recherche d’une réponse à un but particulier projette sa propre perspective sur le processus de conception, les activités liées à l’architecture, elles, cherchent à optimiser (économiquement, techniquement, humainement, …) le support-solution au travers du partage de ressources, typiquement des calculateurs, des interfaces, de la structure mécanique, … La compétition entre les différents points de vue génère une complexité que ne permettent pas de maîtriser les pratiques actuelles en matière d’Ingénierie Système.
Trouver une réponse à la hauteur du défi de concilier ces différentes approches dans la genèse du Produit passe par une méthode scientifique qui serait à même de concilier l’autonomie des différents points de vue constructifs et leur factorisation en « le » Produit tout au long du processus de conception. La capacité d’identifier aussi tôt que possible les interférences, les arbitrages à rendre et la possibilité de générer automatiquement les référentiels de tests face aux attentes, sont susceptibles d’apporter un avantage compétitif décisif dans les démarches innovantes.
Mais sur quel fondement scientifique peut-on s’appuyer ? L’Ingénierie Système est supposée apporter une réponse à ce besoin fondamental, mais force est de constater qu’elle n’y est toujours pas parvenue en dépit de l’énergie et du temps qui y ont été consacrés et de l’importance des investissements consentis.