L’Ingénierie Système est désormais une discipline reconnue dans l’industrie. Toutefois, en dépit du travail accompli, des nombreux outils et normes existant, elle n’a pas encore généré une réponse aux enjeux qui ont motivés son développement : maîtriser l’explosion de la complexité dans le processus de développement de nouveaux Produits conformes aux attentes.
L’ingénierie système n’a pas encore de statut clairement défini relativement aux autres disciplines contributives à la conception de nouveaux Produits telles que l’ingénierie logicielle, les Sciences Physiques, les Sciences Humaines, … Son efficacité n’a pas encore pu être prouvée de façon générale. La diversité des approches proposées qui toutes reposent sur le « bon sens » ainsi que l’absence de consensus sont révélateurs d’un problème beaucoup plus profond.
Nous considérons pour notre part que ces difficultés trouvent leur origine dans la façon implicite dont nous considérons la Science. H. Simon a mis l’accent sur le paradoxe originel qui sous-tend l’Ingénierie Système dans son livre fondateur “The Science of the Artificial (1957)” et nous le résumons comme suit :
Alors que la Science décrit de qui "est", indépendamment des considérations humaines, les inventions humaines sont dominées par des buts… mais les objets matériels qui en résultent sont néanmoins conformes aux lois « naturelles ».Ce paradoxe entrave génétiquement le développement de l’Ingénierie Système. Comment serait-il donc possible de fonder une nouvelle discipline scientifique dominée par des finalités humaines alors que l’idéal scientifique est justement d’éliminer toute interférence humaine pour construire des descriptions objectives ?
La Méthode de Conceptualisation Relativisée (MCR) et son développement conceptuel, la Systémique Relativisée (SR) ainsi que les développements applicatifs associés (Ingénierie Système Relativisée - ISR - , Gestion de la Genèse des Connaissances – KGM : Knowledge Genesis Management -) dépassent ce paradoxe originel. Mais c’est au prix d'un total bouleversement de notre façon d’appréhender le « Réel » et « l’Objectivité » :
- Ils considèrent que tout processus de construction de connaissance, y inclus la conceptualisation de ce sur quoi porte cette connaissance, implique des finalités humaines et est relative au contexte physique, tel qu’il peut être a priori intersubjectivement conceptualisé. Les différences avec les processus innovants qui introduisent du « nouveau » s’estompent pour ne plus être qu’une question de référence dans les processus d’évaluation.
- Ils introduisent explicitement ces finalités et ces relativités dans le formalisme logique et mathématisé développé pour servir de cadre méthodologique à la construction consensuelle de toute description, hypothèse, prévision ou projet à caractère scientifique ou technique.